mardi 19 février 2013

Pourquoi l'abus sexuel est une agression

Je viens de terminer le dernier livre de Marie-France Hirigoyen : "Abus de faiblesse et autres manipulations", paru en 2012 aux éditions JC Lattès.
Page 32 de son livre elle dit :"l'agression sexuelle est définie par un défaut ou un vice de consentement car la violence, la contrainte, la menace ou la surprise entravent la liberté et empêchent l'exercice de la volonté, du consentement."
Toutes les victimes ressentent ses émotions. Ces personnes doivent retrouver leur propre liberté, et reconnaitre en elles ce qu'elles désirent vraiment. 
Dans une agression, la personne ne peut plus faire appel à son propre jugement, elle vit la situation sous la contrainte et, alors que tout son corps reçoit l'information qu'elle doit se sauver, elle ne le peut pas. Cela provoque beaucoup de confusions, et il faut de l'aide extérieure pour pouvoir faire la différence entre ce qu'elle ressent vraiment, et les moyens dont elle dispose pour pouvoir échapper à cette agression.
Beaucoup de victimes disent qu'elles devaient certainement être inconsciemment consentantes, puisqu'elles ne se sont pas échappées. Elles vont avoir sur elles ce regard désapprobateur, voire critique. Elles ont pourtant fait ce qu'elles ont pu, face aux évènements. 
Et souvent, elles vont éprouver de la honte. Cette honte devrait être supportée par ceux qui ont fait le mal, et non ceux qui en sont les victimes. Sinon, les victimes sont doublement victimes : lors des faits, et lorsqu'elles pensent devoir en avoir honte, comme si elles auraient pu, par une sorte de miracle, pouvoir échapper à l'emprise de l'autre.
Elles oublient qu'elles n'ont pas accepter librement. Elles ont céder et se sont soumises. 
On n'est pas responsable des évènements extérieurs.
S'enfermer dans un statut de victime, c'est encore donner à l'autre une emprise sur sa vie. 


C'est vous que vous devez protéger, et non les autres. 

mercredi 6 février 2013

l'abus sexuel

Aujourd'hui, sur ma boite mail, je reçois une demande de signature pour une pétition. 

Le texte dit ceci : j'ai lancé, avec mon association, une pétition sur Change.org demandant à la chaîne France 5 et au Docteur Rufo des excuses publiques et un droit de réponse pour porter la vérité de la situation des enfants victimes de violences sexuelles en France.

Je ne regarde pas forcément la télé le matin, à l'heure de la diffusion de son émission, et je n'ai pas vu cette intervention lors de son premier passage. J'ai donc fait ma petite enquête pour savoir de quoi il s'agit vraiment. Sans difficulté, j'ai retrouvé l'intégralité de l'émission du mois du 3 décembre 2012 sur "youtube", http://www.youtube.com/watch?v=WmzZMYUC2nc
J'ai également lu les messages postés par des téléspectateurs et téléspectatrices, qui ont été choqué par ses propos, sur youtube et sur le site de france 5.

Je suis moi même une enfant qui a été abusée sexuellement, à l'âge de 8 ans par un cousin bien plus âgé que moi. 
A l'époque, je lui en ai voulu et aussi à ma grand-mère, ça s'est passé sous son toit, et elle ne s'est rendue compte de rien, et en même temps je n'osais pas en parler. Je n'en ai pas voulu aux spectateurs impuissants qu'étaient mes cousins plus jeunes.
Les conséquences que cela a eu sur ma vie sont innombrables. J'ai eu honte très longtemps, comme si j'avais fait quelque chose de mal ; je trouvais qu'être une fille s'était forcément être une victime ; j'ai voulu grandir très vite, pour que ce soit moins douloureux ; j'ai eu beaucoup de mal à m'affirmer sereinement ; je pensais être coupable de ne pas avoir su dire non ; je n'arrivais pas à me laisser aller dans une relation amoureuse ; je ne pouvais pas faire confiance ; j'ai eu très peur des relations sexuelles ; j'ai eu très peur que mes enfants vivent la même chose, ...

Un jour, après un long travail de reconstruction, j'ai pu l'affronter. J'ai eu besoin de beaucoup de courage. Je suis passée de victime de mon cousin, à adulte, et j'ai regardé cet homme comme l'adulte qu'il est. Lorsqu'il a nié et mis ma parole en doute, je savais que la petite fille qui avait vécu ces choses devait reprendre toute sa place. Je devais la reconnaitre, la défendre, prendre soin d'elle comme elle en avait eu besoin à 8 ans. C'est pour elle que je l'ai fait, qu'elle sache qu'à présent, elle était devenue une adulte qui n'avait plus peur. J'ai rendu ses actes à mon cousin, cela lui appartient, il peut en faire ce qu'il en veut, ça ne me regardait plus.
Je m'attendais à ce qu'il reconnaisse les faits puisqu'il y avait des témoins et qu'il me demande pardon, naïvement... Avec le recul, je ne vois pas pourquoi il m'aurait écouté, alors que, quand j'étais enfant, ils ne m'a pas respectée. Je ne vois pas comment, un "abuseur" peut un jour avouer qu'il a abusé.
Je suis même heureuse qu'il n'ai pas demandé pardon, cela aurait peut-être signifié pour lui : "ce n'est pas si grave n'est ce pas ?", et il serait devenu alors un pauvre petit être tout penaud.

Je n'ai plus d'affect ni contre lui, ni contre les membres de ma famille qui l'ont longtemps défendu, et n'ont pas voulu voir ce qui se passait réellement. Je me suis "séparée" de lui, je ne suis plus "sa victime", j'ai remis ce traumatisme à sa place, et c'est parce que j'ai vécu cela que je suis devenue aujourd'hui la femme que je suis.  

Le chemin a été long, parfois difficile, toujours intéressant

Réduire le traumatisme de l'abus en disant que la plupart des personnes victimes vont bien, est totalement faux, et terriblement réducteur. Elles ont un travail à faire pour retrouver la paix avec elles-mêmes, et avec le monde entier, et c'est le cas de beaucoup de personnes qui n'ont pas été écoutées ou respectées durant leur enfance.